Editorial : Déclaration de la Conférence nationale sur la gratuité des soins au Niger

« La gratuité des soins au Niger est gravement malade, sauvons- la »

Les participants à la conférence nationale sur la gratuité des soins tenue au Palais des congrès  de  Niamey,  du  13  au  15  mars  2012,  ayant  traité  des  thématiques  sur  le financement, la gestion et l’approvisionnement en médicaments et consommables, font la déclaration dont la teneur suit :

Malgré la réduction sensible des mortalités infanto-juvénile et maternelle ces dix dernières années, la santé des mères et des enfants reste préoccupante. Ainsi, l’État a décidé depuis 2005 de rendre les soins gratuits pour les populations vulnérables, tel que tous les chefs d’États africains l’ont recommandé dans la déclaration de l’Union Africaine à Kampala en 2010. Cet engagement au plus haut niveau a été réaffirmé par son excellence le Premier Ministre lors de son allocution d’ouverture de la  conférence: « ma présence à vos côtés témoigne de l’engagement de la 7ème République, en particulier le Président de la République, Chef de l’État, à soutenir et œuvrer inlassablement pour la pérennisation de ce système de gratuité  des  soins  de  santé  pour  les  groupes  vulnérables  dans  notre  pays ».  Le  Premier Ministre  a  souhaité  voir  les  160  participants  à  cette  conférence,  représentant  tous  les acteurs concernés, proposer des « recommandations opérationnelles pour une amélioration de la stratégie ».
Cet engagement fort s’explique par les importants effets bénéfiques de cette stratégie de gratuité des soins. Les populations les plus vulnérables ont maintenant un meilleur accès aux soins de santé qui a participé à l’amélioration des indicateurs de santé. Cependant, les participants à cette conférence ont aussi fait un état des lieux consensuel des difficultés de financement et de mise en œuvre de la stratégie.
Aujourd’hui, dans la mise en œuvre de cette stratégie, le Niger fait face à une crise qui a des conséquences néfastes pour la santé des femmes et des enfants. À l’image de la réponse du programme  présidentiel  pour  la  sécurité  alimentaire  (« Les  nigériens  nourrissent  les nigériens »), les participants à la conférence pensent que la crise de la gratuité des soins doit devenir maintenant une priorité nationale.
Entendu  que  le  Premier  Ministre  a  affirmé  que  « le  gouvernement  ne  reculera  pas  par rapport   à   cette   situation »,  les   participants   déclarent   l’urgence   d’apurer   les   dettes contractées auprès des formations sanitaires et de concrétiser cette volonté politique en priorité nationale par :

  • La mise en place d’une structure (agence, EPA, …) de coordination de la politique rattachée au cabinet du premier ministre et dotée des moyens financiers et humains nécessaires
  • La mise en place d’un comité de pilotage intersectoriel de la politique
  • L’engagement financier de l’État pour concrétiser sa volonté politique de répondre aux besoins de la population
  • L’engagement technique et financier des partenaires à la hauteur de la volonté de la politique nationale
  • La réforme en profondeur du système d’approvisionnement et de distribution des médicaments
  • La mise à jour du coût des actes remboursés par la gratuité
  • La gratuité des accouchements, la prise en charge des complications obstétricales directes et des évacuations pour assurer un continuum de prise en charge des mères.

L’ensemble de ces mesures reste interdépendant pour assurer l’efficacité et la pérennité de la politique de gratuité des soins au Niger.

Les Participants à la Conférence

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2 Responses to Editorial – Déclaration de la conférence nationale sur la gratuité des soins au Niger

  1. MATO MAIOLIYE Issoufou says:

    Bonjour , je suis membre du comité d’organisation de cette conférence qui a été un succès dans l’analyse des problème notamment l’implementation de la politique de gratuité au Niger dont la mise à l’agenda présidentiel a été fortement influencé par les partenaires financiers extérieurs du pays.
    Le challenge reste pour nous l’appurement des arriérés des factures non payées aux formations sanitaires. Un comité de suivi Ministère de la santé et partenaires sera mis en place dès la semaine prochaine.

    par MATO M. Issoufou
    ancien du short course politique de santé 2011 de l’IMT
    Ministère de la santé Publique
    Niamey-Niger

    • David Hercot says:

      Merci pour votre commentaire Issoufou,
      Il est remarquable a quel point les experts du ministère de la santé essayent depuis ces années de vaincre toutes les barrières pour maintenir cette mesure de gratuité malgré le défi du sous financement et le défi de mettre en place des procédures effective, transparentes et rapides dans le contexte que l’on connait. Espérons que cette conférence puissent être un levier qui va renforcer l’accès aux soins aux Niger.

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